Une radiographie des écosystèmes numériques

«Toutes les enquêtes réalisées ces derniers mois indiquent que les entreprises françaises n’ont, dans leur grande majorité, pas encore engagé leur transformation numérique », affirme Pierre Gattaz, président du Medef dans la préface de cet intéressant document sur les écosystèmes numériques.

C’est évidemment regrettable, car le dynamisme des autres pays creuse chaque jour l’écart. Ce document est le résultat d’une mission conduite pour comparer les stratégies des écosystèmes d’innovation numérique, rencontrer des experts et ramener de bonnes pratiques en France. Globalement, deux modèles existent.

D’une part, une vision diffusée par les grands groupes technologiques « qui veulent imposer leur hégémonie technologique et économique au monde entier en s’affranchissant de leur pays d’appartenance. » D’autre part, la vision des grands pays qui ont « construit des modèles en quelque sorte « propriétaires » autour de quelques grands acteurs nationaux, plus ou moins contrôlés par l’Etat et voués à servir les desseins politiques et économiques de ces derniers », soulignent les auteurs.

L’Europe étant entre ces deux modèles… Chaque écosystème est organisé autour de trois modes de création de valeur, dont les impacts sur l’économie, la croissance et l’emploi seront différents :

  • les enablers, avec un focus sur les plateformes.
  • les enginers, avec un focus sur les technologies de l’information.
  • les drivers, plutôt centrés sur les objets connectés.

Comment se positionne la France dans ce contexte ? Les auteurs de l’ouvrage dressent un triple constat. D’abord, l’écosystème numérique français est certes mature, mais il n’est pas encore suffisamment reconnu. « Ainsi, lorsque l’on demande aux acteurs des écosystèmes les plus avancés les pays qui, pour eux, sont les plus dynamiques et les plus innovants sur la scène technologique mondiale, la France n’apparaît pas spontanément dans les cinq ou six premiers pays cités », déplorent les auteurs, qui reconnaissent toutefois le rôle positif de la French Tech. Ensuite, la France manque de vision et de stratégie globale. Pour les auteurs, « notre écosystème digital n’est pas vraiment « connecté » avec notre économie traditionnelle et nous manquons actuellement d’une vision et d’une stratégie numérique au service d’une politique industrielle et commerciale globale. »

Enfin, et c’est plutôt positif, la France dispose de plusieurs atouts différenciants, notamment le tissu des universités, des centres de recherche et des incubateurs. « Un certain nombre de ces acteurs comme Paris Saclay, CEA Tech, NUMA, Orange Lab, Station F ou la French Tech, par exemple, bénéficient aujourd’hui d’un rayonnement mondial », remarquent les auteurs. De même, la France est relativement bien positionnée du point de vue de l’Open Innovation entre start-up et grands groupes, avec un nombre important de programmes de co-innovation, d’incubateurs, d’accélérateurs et d’espaces de coworking souvent thématiques (Fintech, AgroTech, smart cities, silver economy…) qui ont été créés par des grandes entreprises. Pour les auteurs, la France peut trouver sa place dans la smart economy, en particulier dans trois domaines :

  • Dans la R&D, l’ingénierie, la production et l’intégration des différentes briques technologiques liées à l’IoT.
  • Dans le prototypage, la pré-industrialisation et la fabrication des produits et services connectés.
  • Dans la collecte, le traitement et l’exploitation commerciale des données générées.

Les quatre groupes d’écosystèmes

  1. Les écosystèmes leaders : Israël, Singapour, Etats-Unis, Estonie… Ces pays sont les seuls à posséder une vision et une stratégie claires à 20 ans pour le numérique.
  2. Les écosystèmes matures : France, Corée du Sud, Allemagne, Royaume-Uni, Chine, Japon… Ces pays font partie des pays les plus innovants au monde en termes de créations de start-up et d’investissements dans la R&D, mais ne possèdent pas vraiment de vision et de stratégie numérique à long terme.
  3. Les écosystèmes en développement : Afrique du Sud, Hong Kong, Mexique, Maroc… Ces pays, qui ont beaucoup investi dans la structuration de leur écosystème ces cinq dernières années, rentrent aujourd’hui dans une phase de développement très dynamique.
  4. Les écosystèmes émergents : Argentine, Kenya, Philippines… Ces pays, qui sont en train d’émerger sur la scène technologique internationale, sont en pleine phase de structuration de leur écosystème numérique autour d’approches souvent très disruptives, fondées sur l’IoT et l’innovation inversée.

209 biblio medef
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Digital disruption, guide des écosystèmes numériques mondiaux, Medef, 180 pages. www.medef.com