USI 2023 : l’entreprise à l’épreuve du monde

La seizième édition de l’USI (Unexpected Sources of Inspiration) se déroulera le 26 juin 2023. Le thème retenu est, comme à l’accoutumée, aligné avec l’environnement : « l’entreprise à l’épreuve des limites du monde ». « Depuis trois ans, nous avons fait évoluer les contenus vers des problématiques hors de l’IT », rappelle Christian Fauré, Directeur Scientifique chez Octo Technology. Cela se traduit par une évolution dans le panel d’intervenants «  Auparavant, nous invitions plutôt des consultants, désormais, nous faisons une large place aux chercheurs et aux représentants du monde académique qui ont souvent un discours plus mûri, plus profond et plus étayé », poursuit le directeur scientifique.

En 2023, les problèmes environnementaux sont au cœur des préoccupations et le programme de l’USI 2023 reflète cette question. « L’entreprise ne peut plus rester un impensé de l’action environnementale. Pour faire bifurquer nos modèles d’affaires devenus caducs, nous devons retrouver de nouvelles motivations », souligne Christian Fauré.

Thimothée Parrique : décroissance ou post-croissance ?

Docteur en sciences économiques et chercheur en économie écologique, Thimothée Parrique est l’auteur de l’ouvrage choc et pédagogique : “Ralentir ou périr, l’économie de la décroissance” (2022). Il y reprend les idées forces de sa thèse de doctorat qui avait déjà attiré l’attention : “The political economy of degrowth” (2019). Timothée Parrique livrera une vision macro-économique du contexte dans lequel les entreprises évoluent aujourd’hui, et depuis le rapport Meadows. Il explorera la décroissance comme chemin de la transition vers une nouvelle économie : l’ère de la post-croissance.

Isabelle Delanoy : économie symbiotique et modèles régénératifs 

Environnementaliste et Ingénieure en agriculture, Isabelle Delanoy a joué un rôle déterminant dans la pensée écologique nationale et internationale. Ingénieure en agriculture de formation, elle est une spécialiste du développement durable en France et autrice de la théorie de l’économie symbiotique. Elle fera la synthèse de diverses expérimentations et approches qui sont autant de façons d’opérer pour espérer avoir des modèles d’affaires qui puissent être qualifiés de régénératifs à l’égard du vivant et des écosystèmes avec lesquels ils interagissent. Elle présentera une nouvelle économie de la triple régénération : sociale, écologique et économique.

Gilles Babinet : politiques publiques, contre cultures et numérique

De Turing à nos jours, Gilles Babinet, entrepreneur et co-Président du Conseil National du Numérique, observe plusieurs périodes distinctes : la Première Guerre mondiale, puis le Welfare State aux États-Unis, qui laisse place à l’ère de l’entrepreneur avec l’émergence des GAFAM. Gilles Babinet rappellera comment les modèles d’affaires et les politiques publiques s’entremêlent, mais aussi qu’à l’instar d’une nouvelle génération éveillée au changement climatique, ce sont bien des hippies à contre-courant qui ont inventé Internet.

Ludovic Duhem : design et habitats

Pour lever les contradictions qui se cristallisent aujourd’hui au niveau des modèles d’affaires, il nous faut forger de nouveaux concepts. C’est ce que propose Ludovic Duhem, artiste, designer et philosophe, à travers deux sujets émergents : l’économie éco-sociale et l’industrie ouverte.

Pour lui, il sera nécessaire de remettre au centre de toute réflexion nos écosystèmes et habitats : prendre en compte le design des territoires, et les composants de nos filières industrielles serait à l’aube de toute reconstruction.

Collectif Rotor : retour d’expérience sur la mise en œuvre d’un modèle d’affaires circulaire

 Rotor, association et entreprise coopérative, a mené une réflexion sur notre rapport à l’environnement bâti pour développer une expertise dans le réemploi des matériaux de construction et de déco usagés pour construire des immeubles. Elle propose une feuille de route concrète pour montrer qu’un modèle circulaire est possible et non un mythe. Et qu’il suffit souvent d’un coup de pouce pour affronter les premières étapes.

Dominique Buinier : sphère personnelle et bouleversements organisationnels

Comment socialiser l’affect que nous avons vis-à-vis des questions environnementales ? Entre honte et culpabilité, et selon les cultures, quelles motivations et émotions nous poussent réellement à changer ? Nos (res)sentiments peuvent-ils nous amener à insuffler de nouveaux modèles d’affaires? Telles sont les questions auxquelles répondra Dominique Buinier, Chief Sustainability Officer chez Octo Technology.

Vincent Bontems : science-fiction et Right Tech

La notion de “Right Tech” qu’abordera Vincent Bontems, philosophe et directeur de recherche au CEA, identifie les technologies utilisées à bon escient. Technologies et modèles d’affaires ne sont plus les mêmes une fois qu’impact et effets d’échelle sont considérés. Quelles sont celles qui prennent en compte les impacts sociaux et environnementaux qu’elles peuvent générer quand elles sont mises en œuvre et opérées via des modèles d’affaires ? Pour répondre à  cette question, Vincent Bontems, s’appuiera sur la science-fiction.

Céline Dartanian : animisme et technologie, le juridique peut-il être éclairé par l’animisme ?

Pourquoi une chamane à l’USI ? « Parce que l’animisme comme l’affect a beaucoup à nous apprendre. Contrairement aux idées reçues, animisme et technologie ne sont pas des notions qui s’opposent nécessairement. En témoigne l’exemple du japon, pays qui baigne dans la culture animiste du shintoïsme où les objets et les robots sont investis d’une âme », précise Christian Fauré.

Christophe Semples : comment contribuer à la régénération des écosystèmes vivants ? 

Avec ses équipes, Christophe Sempels Directeur du centre de recherche de Lumia, expérimente la régénération dans les modèles d’affaires, avec une démarche de recherche-action. C’est le résultat de ces recherches qu’il présentera lors de l’USI 2023. Il exposera également les dernières actualités autour des modèles économiques innovants et des transformations radicales. Il expliquera en quoi un modèle d’affaires peut-il devenir régénératif et comment sortir d’une simple logique de réduction ou de compensation (par exemple, acheter des crédits carbones).

Delphine Gibassier : normes comptables sociales et environnementales

Croissance verte et développement durable ne sont plus en odeur de sainteté : trop d’initiatives se sont révélées fallacieuses, voire mensongères. Désormais, pour avoir du crédit, il faut rendre des comptes. Littéralement.

Les nouvelles normes comptables sociales et environnementales, élaborées et approuvées par l’Europe, vont bientôt entrer en vigueur : c’est ce qu’on appelle la comptabilité triple capital. Ces normes ont été pensées de sorte à ce que les flux financiers puissent être fléchés.

Objectif : mesurer ce qu’une entreprise coûte ou rapporte à l’ensemble de la société et à la planète, et non plus seulement à ses investisseurs. Delphine Gibassier, experte en comptabilité multi-capitaux,  a participé aux coulisses de l’élaboration des nouvelles normes comptables sociales et environnementales approuvées par l’Europe, qui vont bientôt s’imposer à toutes les entreprises de plus de 500 salariés.

Fanny Picard : finance verte, allier responsabilité et rentabilité 

Le financement responsable peut-il s’inscrire dans une logique d’investissement classique ou a-t-il besoin de réinventer ses logiques au sein d’un système financier dominant ? Fanny Picard, en tant que fondatrice et directrice d’Alter Equity, exposera la philosophie d’investissement derrière la volonté de soutenir une économie alliant responsabilité avec rentabilité.

 Cyril Dion : nouveaux récits et bifurcation

À travers ses différents travaux, Cyril Dion, réalisateur et écrivain, a mis en lumière des initiatives collectives innovantes et optimistes, qui sont autant de petits pas vers un monde plus “habitable”. Sa participation à la convention citoyenne pour le climat, son film « Demain » et plus récemment le documentaire « Un monde nouveau”, en sont des exemples concrets. Le travail de Cyril Dion insiste sur la nécessité d’être capable de produire de nouveaux récits pour accompagner les bifurcations à venir. Il identifiera, lors de la conférence USI, les récits qui peuvent motiver la bifurcation des modèles d’affaires.